
À l’issue du remaniement ministériel intervenu dans la nuit du 7 au 8 août 2025, le président de la République a procédé à plusieurs changements majeurs au sein du gouvernement. Parmi eux, la nomination de Guillaume Ngefa Atondoko au poste de ministre de la Justice et Garde des Sceaux, en remplacement de Constant Mutamba, a particulièrement retenu l’attention.
Guillaume Ngefa Atondoko est un militant des droits humains de renommée internationale. Il commence son combat sous la dictature de Mobutu Sese Seko, en fondant en 1986 l’Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme (ASADHO), l’une des premières organisations congolaises indépendantes de défense des droits humains. Très tôt, il prend des risques considérables pour documenter, dénoncer et alerter sur les abus commis par le régime.
Durant les années 1996-1997, il joue un rôle crucial dans la surveillance et la dénonciation des violences liées à la prise de pouvoir de Laurent-Désiré Kabila. Il publie un rapport estimant que près de 200 000 réfugiés – principalement hutus – ainsi que des milliers de Congolais ont été tués dans le cadre d’une stratégie de nettoyage ethnique. Ce travail est fondé sur des enquêtes de terrain et des recoupements avec d’autres organisations humanitaires et de défense des droits humains.
Guillaume Ngefa est persécuté à la fois sous Mobutu et sous Kabila. Malgré cela, il maintient une ligne de dénonciation impartiale, indépendamment de l’ethnie des victimes ou des auteurs. Cette position confère à ASADHO un rôle clé dans l’apaisement des tensions interethniques en RDC.
Forcé à l’exil, il s’installe à Genève puis en Côte d’Ivoire, tout en poursuivant ses activités militantes. Il participe à des événements internationaux aux côtés de figures comme Desmond Tutu, notamment dans le cadre de l’initiative Speak Truth to Power (en 2008 à Cape Town et en 2009 à Milan).
Il rejoint ensuite le système des Nations Unies, où il occupe plusieurs fonctions de responsabilité. Il est notamment nommé chef de mission de la MINUSMA (Mission des Nations Unies au Mali), poste duquel il est expulsé par les autorités maliennes en 2023.
Engagé dès son plus jeune âge, Guillaume Ngefa raconte avoir développé un sens profond de la justice dès l’enfance, notamment en s’opposant aux discriminations envers les Pygmées dans sa communauté. Étudiant à l’Université de Kinshasa, il milite activement contre la division ethnique et la répression politique, allant jusqu’à créer plusieurs mouvements étudiants, dont le Club des Africanistes.
Il est plusieurs fois menacé, emprisonné et agressé, et subit même des tentatives d’assassinat. En 1995, après la publication d’un rapport accusant des militaires d’avoir exécuté des membres du PALU, il échappe de peu à une tentative d’exécution en pleine rue.
Après un master obtenu à l’étranger, il revient au pays mais finit par quitter définitivement la RDC en 1997, sous la double menace des forces de Mobutu et de Kabila.