
Le Tribunal de Paix de Kisangani-Makiso a rendu son verdict ce mercredi 1ᵉʳ octobre, condamnant le militant pro-démocratie Jedidia Mabela, membre du mouvement citoyen Lucha, à six mois de prison ferme et au paiement d’une amende de 1 500 000 francs congolais.
Le jeune activiste était poursuivi pour propagation de faux bruits et de fausses informations, à la suite de plusieurs publications sur les réseaux sociaux dénonçant l’utilisation présumée de fonds publics par le gouvernorat de la Tshopo pour financer deux concerts de l’artiste Rebo Tchulo à Kisangani, fin août dernier.
Le procès, ouvert en procédure de flagrance le jour même de son arrestation, a été initié après une plainte introduite par un proche du gouverneur Paulin Lendongolia, qui s’est ensuite constitué partie civile.
Devant la barre, Jedidia Mabela a reconnu avoir commenté des publications sur Facebook et X, sans toutefois citer de noms précis. « J’ai simplement réagi à une information publique. Je ne suis ni l’auteur de la publication originale ni le seul à l’avoir partagée », a-t-il déclaré.
Son avocat, Maître Kally Tshimbila, a dénoncé un procès “monté de toutes pièces” et annoncé son intention d’interjeter appel. « C’est une décision injuste. Ce dossier illustre une volonté manifeste de réduire au silence les voix critiques qui s’expriment pacifiquement », a-t-il estimé.
De son côté, la partie civile, représentée par Maître Dominique Kangamina, a rejeté toute accusation d’ingérence politique. « Le tribunal a agi en toute indépendance. L’audience a été filmée et s’est tenue dans la transparence la plus totale », a-t-il assuré.
Cette condamnation a provoqué de vives réactions au sein de la société civile. Les mouvements Lucha et Filimbi parlent d’un « recul inquiétant des libertés publiques » et appellent à la libération immédiate de leur camarade. Selon leurs sources, trois autres militants seraient activement recherchés par la justice et se trouveraient actuellement dans la clandestinité.
Cette affaire relance le débat sur la liberté d’expression et le droit à la critique publique en République Démocratique du Congo, à l’heure où de nombreux acteurs de la société civile dénoncent la résurgence de pratiques judiciaires visant à intimider les voix citoyennes.